9 juin 2021 - Cette interview exclusive a été publiée à l'origine par Authority Magazine
Dans le cadre de notre série sur « Comment utiliser la transformation numérique pour faire évoluer votre entreprise », j'ai eu le plaisir d'interviewer Jan Sundelin.
Jan Sundelin est PDG de TIE Kinetix, où il aide les entreprises à faire passer leurs efforts de transformation numérique au niveau supérieur grâce à des logiciels d'EDI et de facturation électronique. Fort d'une expérience de plus de 30 ans dans le secteur de l’IT, et de 15 ans dans la gestion exécutive, Jan a été le pionnier de la notion de « digitalisation à 100 % de la supply chain » et a amené TIE Kinetix à la pointe de l'innovation au niveau mondial.
Merci beaucoup de vous joindre à nous et de faire partie de cette série d’entretiens. Avant d’entrer dans le vif du sujet, nos lecteurs aimeraient vous connaître un peu mieux. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours et nous expliquer comment vous avez commencé ?
Je suis un « vieux bouc », alors je vais essayer d’être bref. Je suis né en Suède et j’y ai vécu jusqu`à l’âge de 30 ans. J'ai étudié à l'université de Karlstad en Suède, puis je suis entré dans le secteur de l’IT peu après. Ma carrière a commencé par un emploi comme commercial dans le matériel informatique (vente d'imprimantes), et j'ai déménagé aux Pays-Bas juste avant mes 30 ans. J'y vis et travaille depuis lors, et bien que j'aie fini par vivre aux États-Unis pendant quelques années au début des années 2000, ma femme et mes deux filles voulaient retourner en Hollande. C'est donc là où je me trouve actuellement.
Lorsque je suis rentré aux Pays-Bas, je voulais quitter le secteur du matériel informatique pour me tourner vers le secteur des logiciels, et c'est ce que j'ai fait. J'ai occupé différents postes dans diverses entreprises au fil des ans, mais plus récemment, j'ai été PDG et président de TallyGenicom EMEA avant de devenir PDG de TIE Kinetix en 2008 (ma fonction actuelle). Aujourd'hui, en tant que PDG d'une entreprise dont le cœur de métier est la digitalisation à 100% de la supply chain, j'ai bouclé la boucle de ma carrière en quelque sorte: je suis passé de la vente d'imprimantes et de la promotion de l'utilisation du papier à la vente de logiciels qui, dans une large mesure, remplacent les imprimantes et éliminent le besoin de papier. Je suppose que l'on peut dire que ma carrière a subi sa propre transformation numérique.
Je crois en la numérisation, et je pense qu'elle est nécessaire pour l'avenir. Au départ, j'ai voulu passer du matériel au logiciel parce que j'ai constaté que l'innovation n'était plus possible dans cet espace. Toute la production de l'industrie des imprimantes - et du matériel informatique en général - s'est déplacée en Asie. Il n'y avait pas de nouvelles opportunités, et comme je suis quelqu'un qui regarde toujours vers l'avenir, j'ai vu un énorme potentiel dans le logiciel. Au bout du compte, la meilleure imprimante possède généralement le meilleur logiciel. Je savais également qu'Internet jouerait un rôle primordial dans le développement du futur, et lorsque j'ai réalisé cela, j'ai compris que le secteur du logiciel serait un acteur primordial dans les années et décennies à venir.
Pouvez-vous nous raconter l'erreur la plus drôle que vous ayez commise lorsque vous débutiez ? Quelles leçons ou quels enseignements en avez-vous tirés ?
Je crois que la chose la plus drôle que j'ai apprise est d'être humble, et je l'ai appris très tôt dans ma carrière, lorsque je vendais encore des imprimantes en Suède. Cela s'est produit lorsque j'ai reçu, avec trois autres commerciaux, une liste de 100 revendeurs auxquels nous devions vendre nos imprimantes. L'un des commerciaux a vendu des nouveaux contrats à 2 revendeurs sur sa liste de 100, un autre 10, et de mon côté j'ai pu en vendre 7. Mais le quatrième a vendu des nouveaux contrats à 50 revendeurs sur les 100 de sa liste.
Nous avons eu une réunion après coup, et au cours de cette réunion, je me suis adressé au quatrième commercial devant le groupe : « Comment se fait-il que tu aies vendu à 50 revendeurs sur 100 et qu'aucun d'entre nous n'ait réussi à en vendre plus de 10 ? Tu as réalisé des performances 4 à 5 fois supérieures à celles de chacun d'entre nous ». Il a répondu en disant : « Je suppose que j'ai juste eu de la chance et que j'avais tous les bons clients sur ma liste. »
Cette conversation capture vraiment la raison pour laquelle cet homme avait tant de succès dans son travail. Et pourquoi il a toujours du succès d’ailleurs. C'est l'un des meilleurs commerciaux du secteur. Il m'a fait comprendre que la vente est premièrement une question d'attitude. Il ne forçait pas les entreprises à acheter, il se contentait de communiquer avec elles et les gens lui faisaient confiance grâce à cela. Cela m'a appris que la chose la plus importante est d'être humble et de faire preuve de respect, non seulement dans les affaires mais aussi dans la vie.
Aucun d'entre nous n'est capable d'atteindre le succès sans une certaine aide en cours de route. Y a-t-il une personne en particulier envers laquelle vous êtes reconnaissant et qui vous a aidé à arriver là où vous êtes ? Avez-vous une histoire en tête ?
La personne qui m'a le plus aidé tout au long de ma carrière et qui fait un peu figure de "père" professionnel pour moi, c’est Franklin Lassman. C'est un New-Yorkais, et c'est lui qui m'a fait passer de la Suède aux Pays-Bas. Il m'a fait confiance et m'a confié de plus en plus de responsabilités dès mon plus jeune âge : j'ai d'abord été responsable de la Scandinavie et du Benelux, puis de toute l'Europe de l'Est et de la France. En d'autres termes, il m'a vraiment fait confiance pour développer l'entreprise, et il était (et est toujours) comme un "père" pour moi dans le monde professionel.
Y a-t-il un livre, un podcast ou un film en particulier qui a eu un impact significatif sur vous ? Pouvez-vous partager une anecdote ou expliquer pourquoi cela vous a tant touché ?
Le premier livre qui m'a vraiment fait réfléchir d'un point de vue commercial est un ouvrage suédois intitulé Riv pyramiderna (Moment of Truth est le titre en anglais) de Jan Carlzon. Mais il y a aussi un livre plus court, Who Moved My Cheese ? de Spencer Johnson qui a résonné en moi. Je me réfère souvent à ces deux livres pour m'inspirer, par exemple lorsque nous devons présenter un nouveau produit chez TIE Kinetix. Ils résonnent probablement autant en moi parce que ce sont de vieux livres, et que je suis un peu un vieux bouc. Mais blague à part, voici ce que chacun m'a appris:
Riv pyramiderna porte sur la création et le développement d'une entreprise. Il a été écrit par l'ancien PDG de SAS (Scandinavian Airlines) qui a réussi à changer complètement le mode de fonctionnement de l'entreprise en rendant les gens responsables de ce qu'ils faisaient. J'ai gardé cette leçon dans mon propre style de management, car il avait raison : si vous responsabilisez les gens, ils prennent davatange leurs responsabilités dans l’entreprise. L'idée principale du livre est de laisser les gens penser par eux-mêmes, car tout le monde en a la capacité. Et c'est ainsi que les choses se font. C'est quelque chose sur lequel on peut et on doit s'appuyer.
Who Moved My Cheese ? traite du changement et de la tendance qu'ont les êtres humains à trop compliquer les choses. L'histoire est centrée sur quatre personnages, deux souris et deux hommes, et sert de métaphore (commerciale) d'un monde en constante évolution et des compétences nécessaires pour s'adapter et réussir. Ce livre est particulièrement pertinent lorsque la transformation numérique est en jeu, car la volonté de changer est en fin de compte quelque chose qu'un individu ou une entreprise doit réaliser par lui-même. Mais pour y parvenir, il faut parfois prendre du recul et envisager la situation sous un angle plus simple : définir le problème, puis trouver une solution.
Certaines études suggèrent que les entreprises avec un objectif autre que le profit sont plus performantes dans de nombreux domaines. Lorsque votre entreprise a été créée, quelle était sa vision, son objectif ?
En 2021, l'objectif de TIE Kinetix est d'aider les entreprises à digitaliser à 100% leur supply chain en amenant tous leurs partenaires commerciaux - petits, moyens et grands - à échanger leurs documents par voie électronique. Mais lorsque la société a été créée en 1987, son objectif correspondait aux besoins du marché de l'époque : faciliter l'EDI dans le secteur agroalimentaire. En effet, la vente au détail de produits alimentaires était (et est toujours) la plus grande industrie de vente au détail dans le monde : 50 % de tous les produits vendus au détail sont des produits alimentaires.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'EDI, c'est l'abréviation d'échange de données informatisé. L'EDI est, par définition, l'échange d'ordinateur à ordinateur de documents commerciaux - factures, bons de commande, etc. - dans un format normalisé et entièrement sans papier. En France, l’EDI est principalement utilisé dans les échanges inter-entreprises, comme par exemple quand Danone doit envoyer une facture à Carrefour.
Le secteur de la distribution alimentaire est la raison pour laquelle l'EDI est devenu si populaire. C'est aussi la raison pour laquelle TIE Kinetix a commencé ; tout échange de données informatisé nécessite un logiciel. Lorsque tous les documents qui circulent entre les fournisseurs comme Danone et les acheteurs comme Carrefour sont numérisés, vous pouvez économiser beaucoup d'argent et éviter beaucoup d'erreurs. C'est également bénéfique pour l'environnement. C'était notre objectif initial, et même si la situation a évolué et que la technologie a évolué avec elle, c'est toujours la raison de notre existence.
Travaillez-vous actuellement sur des nouveaux projets? Comment pensez-vous que cela puisse aider les gens ?
En tant que société internationale ayant des bureaux aux Pays-Bas (siège social), en France, aux États-Unis et en Allemagne, ainsi qu'une présence mondiale, nos développeurs travaillent toujours sur quelque chose de nouveau et de prometteur. Mais en ce moment, il y a beaucoup de développements passionnants dans l'EDI aux États-Unis en termes de normalisation - quelque chose qui simplifiera l'EDI et le rendra plus accessible à tous. Nous concentrons nos efforts là parce qu'environ 40 % de nos activités sont situées aux États-Unis, principalement dans l'industrie manufacturière.
Pour en revenir à la normalisation, même si les États-Unis sont très avancés en matière d'EDI, ils sont en retard sur l'Europe en ce qui concerne la numérisation des factures (logiciel de facturation électronique). Et c'est un grand défi pour les entreprises américaines, car la possibilité d'envoyer des factures par voie électronique permet d'automatiser les processus, ce qui constitue la première étape de la digitalisation de la supply chain. En Europe, nous avons ce grand réseau appelé le réseau PEPPOL qui permet aux entreprises de se connecter rapidement et facilement les unes aux autres pour envoyer leurs documents de manière sécurisée. Et comme il s'agit d'un réseau mondial, il ouvre de nombreuses portes pour développer le commerce, par exemple de l'Europe vers l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Singapour.
À l'heure actuelle, les États-Unis ne disposent pas du réseau PEPPOL ou d'un système similaire. Cela signifie essentiellement que chaque entreprise a sa propre façon d'envoyer des documents électroniques, ce qui fait qu'il est très long et coûteux pour les entreprises de se lancer dans l’échange électronique. Aux États-Unis, une organisation appelée Business Payments Coalition (BPC) travaille d'arrache-pied pour changer cette situation. Elle organise un projet pilote sur le marché en 2022 pour tester les possibilités d'établir un réseau similaire à PEPPOL aux États-Unis. C'est vraiment passionnant pour tous les acteurs concernés, même si beaucoup d'entreprises ne le réalisent pas encore.
Mais en attendant, nous faisons beaucoup pour aider les entreprises américaines à atteindre une digitalisation à 100% de la supply chain aussi efficacement que possible jusqu'à ce que la normalisation arrive à maturité. En fin de compte, c'est ce qu'il leur faut pour être compétitives sur le marché actuel et elles n’ont plus vraiment le choix. Depuis des années, nous travaillons sur cet énorme répertoire mondial de mapping qui nous permet de reproduire des structures entières construites pour un client, par exemple la municipalité d'Amsterdam, et de les réutiliser comme base pour un autre client (potentiel), comme la ville de New York. Les possibilités sont infinies, et les entreprises d'aujourd'hui n'ont pas le choix et doivent avancer vite. Elles doivent agir rapidement pour rester compétitives, et cette solution leur fera gagner un temps fou.
Merci pour toutes ces informations. Passons maintenant au sujet principal de notre discussion, la transformation numérique. Pour le bénéfice de nos lecteurs, pouvez-vous nous expliquer ce que signifie exactement la transformation numérique ? D'un point de vue pratique, que veut-on dire par « s’engager dans une transformation numérique » ?
La transformation numérique est un domaine extrêmement vaste. Alors, qu'est-ce que la transformation numérique exactement ? Je pourrais donner tellement de réponses : la musique par exemple. Pensez tout simplement à Spotify. Mais je divague. Ce que nous faisons chez TIE Kinetix, c’est la transformation numérique entre les entreprises. C'est du business-to-business, ou B2B.
Pour en revenir à mon passé de vendeur d'imprimantes et de promoteur de documents imprimés, vous pouvez considérer la transformation numérique, et ce que fait TIE Kinetix en général, comme l'opposé direct - vendre des logiciels et décourager l’impression de documents. En ce qui nous concerne, nous soutenons les efforts de transformation numérique d'une entreprise en numérisant l'ensemble de ses communications avec ses partenaires commerciaux, et ce, en arrière-plan, car tout est intégré à son ERP ou à un autre système de back-office. Tout est 100% numérisé, et cela permet une automatisation complète des processus, depuis la commande jusqu’à la facture et l’expédition.
Grâce à tout cela, nous sommes également en mesure de contribuer à la préservation de l'environnement. Avec tous les documents qui transitent par notre plateforme chaque année (plus d'un milliard), TIE Kinetix aide les entreprises à sauver environ 10 000 arbres chaque année. Ce n'est donc qu'un exemple de la façon dont la transformation numérique peut contribuer à améliorer d'autres domaines de l'entreprise qui pourraient ne pas sembler évidents au premier abord, comme une stratégie de responsabilité sociale renforcée.
Mais il ne s'agit là que de transformation numérique en termes d'échange de documents. Lorsqu'il s'agit de réaliser une transformation numérique complète, une entreprise ne peut pas le faire avec nos seules solutions. Les fournisseurs de services comme TIE Kinetix jouent certainement un rôle essentiel dans cette transformation, mais pour vraiment réussir, les entreprises doivent comprendre que la numérisation de processus isolés ne les mènera pas très loin. Désormais, la transformation numérique exige un état d'esprit spécifique et une perspective à long terme.
Quelles sont les entreprises qui peuvent le plus bénéficier d'une transformation numérique ?
C'est une bonne question. Si le gouvernement américain numérisait tous ses documents entrants, je pense qu'il économiserait plus de 10 milliards de dollars par an. Dans la plupart des cas, les pays européens ont imposé aux fournisseurs du gouvernement d'envoyer leurs factures par voie électronique, ce qui a permis d'économiser plus de 20 milliards d'euros par an dans l'ensemble de l'Europe. En fin de compte, c'est le contribuable qui en bénéficie, mais il est peu probable que le gouvernement américain lance une initiative de ce genre, car les États-Unis sont dirigés par des organisations du secteur privé.
Je dirai donc ceci : Walmart a numérisé l'ensemble de sa supply chain il y a plus de 15 ans, et cela lui permet d'économiser des millions chaque mois. Et ils ont un département EDI d'environ 150 personnes. Ils peuvent donc payer 150 personnes et continuer à économiser des millions chaque mois. Comme je l'ai déjà mentionné, l'industrie de la vente au détail de produits alimentaires est déjà avancée avec l'EDI. Et ce sont les grands groupes comme Walmart qui l'ont fait progresser.
D'autres secteurs, comme le marché secondaire de l'automobile, ont été lents à rattraper leur retard. Mais aujourd'hui, les choses évoluent très vite et toutes les entreprises tournées vers l'avenir subissent une forme de transformation numérique, simplement pour rester en activité. Aux États-Unis, ce sont donc des entreprises comme celles-ci, dans le domaine du commerce interentreprises, qui peuvent le plus bénéficier de la transformation numérique. En fin de compte, elle leur permettra d'économiser beaucoup d'argent et les mettra dans une meilleure position pour aller de l'avant.
D'autant plus que le commerce international continue de se développer et que les entreprises manufacturières visent à mettre en place des supply chains optimisées, la numérisation est le seul moyen d'éviter les erreurs qui se produisent inévitablement en raison des barrières linguistiques et de l'erreur humaine en général. Souvent, pour ces entreprises, la numérisation fait la différence entre réaliser des profits et perdre des clients.
Nous aimerions connaître vos propres expériences en matière de transformation numérique. Selon vous, comment la transformation numérique a-t-elle contribué à améliorer les opérations, les processus et les expériences des clients ? Avez-vous des exemples en particulier ?
Nous avons beaucoup d’exemples en matière de transformation numérique réussie chez TIE Kinetix, mais voici quelques cas clients qui sortent du lot :
Pour commencer, parlons de Clopay qui est avec nous depuis de nombreuses années. Il s'agit d'un fabricant de portes industrielles, et avant notre arrivée, ils effectuaient toutes leurs opérations EDI en interne. Mais leur système était compliqué, n'offrait qu'une visibilité limitée et la liaison avec des nouveaux partenaires commerciaux était un véritable casse-tête. Grâce à nos solutions, Clopay a fini par économiser plus de 80 000 dollars au cours de la première année de service. Et il ne s'agit là que d’une valeur nominale, car, dans l'ensemble, nous les avons aussi aidés à améliorer la visibilité et l'efficacité de leur processus.
Nous avons ensuite Bunzl, un grand groupe de distribution international de produits non alimentaires. L'entreprise souhaitait tout migrer vers le cloud car le coût de la gestion en interne devenait beaucoup trop élevé. Nous les avons d'abord aidés à réaliser leurs ambitions en matière de « cloud computing » en migrant toutes leurs données EDI vers le cloud, ce qui leur a permis de ne plus avoir à embaucher de personnel supplémentaire dans leur équipe EDI. Nous avons également réduit le temps qu'il leur fallait pour se connecter à de nouveaux partenaires commerciaux. De plusieurs mois à quelques secondes pour être exact.
Le dernier que je vais mentionner n'est en fait pas un client. Il s'agit d'un fournisseur de la municipalité d'Amsterdam, Marcel van Oostveen, qui dirige une entreprise et devait envoyer ses factures par voie électronique. Amsterdam utilise notre logiciel, et Marcel devait se connecter à leur portail fournisseur chaque fois qu'il voulait leur envoyer une facture. Mais il nous a carrément dit que le portail était beaucoup trop compliqué pour quelqu'un comme lui qui n'a aucune autre expérience dans l'envoi de factures par voie électronique. Nous avons donc travaillé avec lui directement et modifié notre logiciel pour qu'il réponde à ses besoins, ainsi qu’à tous ceux qui comme lui ne disposaient pas de larges connaissances. En fin de compte, cela a permis à Amsterdam d'atteindre un niveau plus élevé de transformation numérique, car nous avons permis à tous les fournisseurs de facturer électroniquement plus facilement.
L'intégration de la transformation numérique a-t-elle été un processus difficile pour certaines entreprises ? Quels sont les défis à relever ? Comment aidez-vous à les résoudre ?
Le plus grand défi pour toute entreprise qui souhaite réaliser une transformation numérique est de communiquer le "pourquoi" aux autres parties prenantes. Nos clients reçoivent beaucoup de retours comme : « J'envoie déjà une facture électronique PDF par email, pourquoi ne pouvez-vous pas simplement utiliser cela ? » et « J'ai toujours fait les choses ainsi, pourquoi changer maintenant ? »
Tout se résume à la formation, la formation, et encore la formation. Il faut fournir aux gens les bonnes informations et leur communiquer les avantages qu'ils en retirent. Vous pouvez aussi résoudre le problème de manière simple, comme le gouvernement suédois. Celui-ci a dit à tous ses fournisseurs : « Si vous ne nous envoyez pas vos factures par voie électronique à partir du 1er avril 2016, nous ne vous paierons pas. » Mais, bien sûr, cela ne va pas convenir à tout le monde et pourrait nuire aux relations commerciales. La plupart d'entre eux choisissent donc la voie la plus difficile, celle de la communication.
Pour nos clients qui ont choisi d'éduquer leurs partenaires commerciaux dans l'espoir qu'ils finissent par se rallier à la transformation numérique, nous les soutenons à chaque étape du processus, mais c'est effectivement un long voyage. Je n'ai jamais vu d'entreprise réussir dans ce domaine sans exercer une certaine pression, mais celle-ci ne doit pas nécessairement être aussi forte que celle exercée en Suède. Lorsqu’il s'agit de communiquer les avantages de la transformation numérique, la plupart des entreprises réalisent qu'il vaut mieux laisser cette tâche aux professionnels - aux fournisseurs de services qui ont aidé d'autres clients à surmonter les mêmes difficultés. De notre côté, nous avons trouvé un moyen d'automatiser l'ensemble du processus. Cela donne à nos clients un avantage considérable.
D'accord, merci. Voici la question principale de notre discussion. Sur la base de votre expérience et de vos succès, quelles sont les « cinq façons d’utiliser la transformation numérique pour faire évoluer une entreprise » ? Veuillez partager une histoire ou un exemple pour chacune d'entre elles.
1. Soyez proactif plutôt que réactif. Dans notre secteur, les supply chains ont été confrontées à de nombreuses perturbations à la suite du COVID-19, et beaucoup d’entreprises ont eu du mal à assurer la continuité des activités dans ces circonstances inattendues. Elles ont réagi en se précipitant pour adopter des technologies numériques afin de résoudre les problèmes à court terme, mais elles ont rapidement réalisé que ce dont elles avaient réellement besoin était un plan sur le long terme. Lorsqu'une entreprise est proactive, elle peut mettre en place sa transformation numérique avec une approche plus réfléchie et progressive, évitant ainsi de nombreux soucis.
2. Pensez de manière globale. Comme je l'ai mentionné plus tôt, la seule numérisation des processus ne suffit pas à réaliser une transformation numérique. Lorsque les entreprises cherchent à mettre en place une supply chain digitalisée de bout en bout, elles doivent se donner les moyens de réussir. Elles peuvent le faire en s'assurant que toutes les technologies numériques dans lesquelles elles investissent puissent être intégrées aux technologies existantes et futures de leur système d’informations. Elles éviteront ainsi les silos de données et pourront prendre des décisions plus stratégiques basées sur des données de la supply chain.
3. Boostez le moral interne et externe. L'adhésion interne est très importante, tout comme l'adhésion externe. Tout le monde doit être impliqué - les parties prenantes internes comme les partenaires commerciaux et les fournisseurs. Je ne saurais trop insister sur ce point. Il a une influence directe sur la réussite des efforts de transformation numérique d'une entreprise. La préparation et la volonté de changement sont essentielles.
4. Se concentrer sur le cœur de métier. La transformation numérique est une question d'optimisation grâce à l'utilisation de la technologie. Lorsqu'elle est bien menée, les processus chronophages et redondants sont automatisés et les acteurs impliqués gagnent beaucoup de temps dans leur journée. La transformation numérique permet alors aux entreprises de se recentrer sur ce qui compte vraiment : devenir les meilleurs dans leur domaine et devancer la concurrence.
5. Tester de nouvelles stratégies. Une supply chain entièrement intégrée ouvre la porte à des méthodes de travail nouvelles et améliorées. C'est à ce moment-là que la transformation numérique peut vraiment faire évoluer une entreprise, notamment dans l'industrie manufacturière où chaque entreprise vise à adopter des méthodes de « just-in-time » (JIT) et à exploiter une supply chain optimisée. Les entreprises peuvent également tâter le terrain avec les stocks gérés par les fournisseurs (VMI) et le rapprochement automatique des factures. La liste est longue.
Selon vous, quelle est la meilleure façon pour les entreprises d'instaurer une « philosophie d'innovation » afin de créer de nouveaux avantages concurrentiels ?
Chez TIE Kinetix, nous pensons que la meilleure façon d'encourager une « philosophie d'innovation » est la formation interne. Nous le faisons par le biais de notre plateforme éducative, FLOW Academy, car dans un secteur aussi complexe et technique que le nôtre, il est important que chacun comprenne ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Il s'agit d'apprendre les tenants et les aboutissants de ce que nous vendons (nos produits), ce que nous faisons pour nos clients, ce qui nous distingue de la concurrence et pourquoi nous réussissons (ou non) dans certains domaines. Cela s'accompagne d'un certain niveau de transparence qui est tout aussi important pour encourager cette pensée innovante, et qui conduit naturellement à des solutions plus performantes que celles de la concurrence.
Pouvez-vous nous donner votre citation préférée ? Et en quoi elle vous a été utile dans votre vie ?
Ma devise préférée est "Just Do It" de Nike. Je pense qu'il faut simplement faire en sorte que les choses se produisent, car sinon vous ne pourrez jamais passer à l'étape suivante. Vous ne saurez même pas quelle est vraiment cette prochaine étape. Et même si vous vous plantez à la première étape, vous pourrez probablement corriger votre erreur à la deuxième étape. Donc "Just Do It" est pour moi un rappel de faire bouger les choses. Si vous êtes statique dans ce secteur, votre entreprise n'ira nulle part.
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